La plage de la Birochère

Durant mon enfance, mon séjour dans la station balnéaire se cantonne à la période estivale où je profitais de la maison de vacances de ma grand-mère située dans le quartier de la Birochère.

Chaque été, mon enthousiasme en arrivant de Paris en train à la gare de Pornic ne s’estompait pas. Au terme de mon périple ferroviaire, le même ressenti se manifestait à chaque voyage : « en voilà pour plusieurs semaines de bonheur ! ». Et cet ancrage se renforçait avec les relations amicales forgées avec le temps principalement sur la plage de la Birochère.

Enfant, j’y réalisais mes châteaux de sable et je jouais autour de ces fameuses « cheminées », curiosité de cette plage dont le nom provient de l’ouverture entre deux rochers, semblable à un tuyau de cheminée.

Cette charmante crique devint plus tard le cadre de mes premiers cours de natation, avec la famille Boisteau, mais aussi le témoin de mes premiers émois amoureux. Le hasard de la vie fait bien les choses, puisque mon coin de vacances devint mon lieu d’habitation. Depuis maintenant une vingtaine d’années, j’ai posé mes valises dans cette cité que j’affectionne tant.

N’ayant guère l’attrait de la mer, c’est surtout son territoire, ses chemins de randonnée le long du rivage de la Côte de Jade qui attirent ma curiosité. Ces paysages variés, si propices à la rêverie ou la photographie, sont une pure invitation à se balader et explorer hors des sentiers battus.

Le Tumulus des Mousseaux

Réminiscence de mon adolescence… Avec mon frère et une amie, nous décidâmes au cours d’une journée au climat plus mitigé à la fin du mois d’août, alors que la plage à proximité devenait moins attractive, de nous aventurer à pied, sans autorisation préalable auprès de nos familles. Bravant par conséquent l’interdit, nous voici partis, sac à dos avec goûter improvisé, jusqu’au mystérieux site des Mousseaux, à travers les champs et les vignes existant à l’époque. Le chemin y menant était encore peu urbanisé. 

Nous nous prenions pour Indiana Jones allant explorer les fameuses « pierres druidiques » situées de l’autre côté de Pornic, à Sainte-Marie-sur-Mer, sur les hauteurs de la Noëveillard. Qu’importe si notre pseudo fouille archéologique, avec uniquement nos yeux comme outil de recherche, ne pouvait avoir une quelconque conséquence pour l’avancée de la connaissance de ce patrimoine ancestral. Le simple souvenir de cette expérience inédite est gravé dans ma mémoire à jamais. Quelques années plus tard, je renouvelais l’aventure avec une amie avec qui je partageais mes vacances dans la maison de villégiature de ma grand-mère. Si l’interdit n’était plus de mise, l’envie de découvrir ce patrimoine mégalithique m’incita à explorer également, avec cette même personne, les sites du Dolmen de la Joselière et celui du Prédaire. 

L’envie de partage était déjà bien là et l’intérêt pour l’architecture énigmatique de ces sites préhistoriques aussi. Aujourd’hui, l’accompagnement auprès de l’association Mégalithes en Retz durant nos visites intitulées « Rencontres avec nos passionnés » est l’occasion de nourrir mon intérêt pour d’anciens vestiges, classés Monuments Historiques, attestant d’une occupation humaine sur la commune dès la Préhistoire.

Les chemins de traverse de la ville historique et de ses faubourgs 

Indéniablement, c’est bien le désir de découverte des facettes cachées de l’ancienne cité pornicaise et le besoin de transmettre ces points d’intérêts patrimoniaux qui m’amènent sans cesse à observer les traces de la vie d’antan, à travers les ruelles tortueuses du cœur historique.

Au cours des différentes visites guidées de l’Office de Tourisme, je ne me lasse pas de parcourir ses rues et ses escaliers, et d’attirer l’attention des visiteurs sur les détails d’éléments rappelant la présence de tel ou tel bâtiment ancien. Comme par exemple, ce linteau en pierre, de forme arrondie, visible sur la façade d’une vieille maison dont le crépi recouvre l’emplacement jadis de l’entrée de la Chapelle Sainte-Anne ; ou encore le mur d’une antique maison de pêcheur terre-neuvas dans le quartier du Bourg-aux-Moines, dont la base est ancrée dans le rocher puisque ce dernier constitue une partie du mur de celle-ci. L’insolite est ainsi au rendez-vous et la surprise est totale.

Quel plaisir également de parcourir les ruelles sur les traces d’anciennes fontaines, pompes à eau ou lavoirs de Pornic. L’occasion de profiter de la fraîcheur qu’apporte le mystérieux et méconnu chemin de la Dette est des plus appréciable en période estivale. Le retour est unanime au débouché du cheminement de cette venelle : tous s’accordent qu’une parenthèse leur a été offerte dans cette découverte de la Fontaine de Deux. Ravie d’avoir ainsi dévoilé l’un des trésors cachés de la ville. 

Les irrésistibles Petits Biscuits

Il est de ces instants magiques où le plaisir de la déambulation s’associe parfois à une expérience olfactive exquise et sucrée. Les papilles ne demandent qu’à s’activer lorsque votre odorat est particulièrement sollicité au cœur de la cité médiévale, en empruntant la rue Georges Clemenceau. Les effluves des produits en préparation s’échappent parfois de l’une des échoppes situées ce lieu de gourmandises. 

Si ce n’est pas les succulentes gaufres de Liège proposées par le Q de Poule dans un décor cosy, ce sont les gâteaux artisanaux en confection dans l’atelier des Petits Biscuits. Ces délicieux petits sablés, déclinés en plusieurs saveurs, sont fabriqués sur place. L’odeur qui se dégage de la boutique annonce un savoir-faire hors pair. La promesse est au rendez-vous, assurément. Mes préférés ? Ceux aux éclats de caramel, ceux aux pralinés de noisettes ou encore aux noix de macadamia. Difficile de choisir, la tentation est si grande !

La Promenade de la Terrasse et le château de Pornic

Sur la Terrasse du château, devant le bâtiment de style italien qu’elle accueille depuis 1830, je me surprends à voyager dans le temps en imaginant l’ambiance sur cette esplanade ombragée au milieu du XIXe siècle. 

À cette époque, la Promenade de la Terrasse est devenue le véritable centre mondain de la station avec cette population aisée issue de l’aristocratie ou de la haute bourgeoisie qui se côtoie à « l’établissement d’accueil » des curistes et des baigneurs. Pourvu d’une vaste salle avec instruments de musique, d’un salon de lecture, d’un salon de billard et de jeux de "bonne" société, on y aménage, sous une tente centrale mise à leur disposition devant la bâtisse, ce qui devient le premier « casino » de la côte. En soirée, les lieux s’animent avec de la musique. Bals et quadrilles sont organisés au gré de l’assemblée, et la place peut réunir autour de 300 personnes élégamment parées qui se joignent à la population locale les jours de fête. Et voici que mes pensées s’amusent à visualiser la scène avec ses belles robes de crinolines tournoyant parmi les costumes traditionnels des Pornicaises… Quel moment nostalgique ! La magie opère souvent et cela en fait mon endroit favori dans la cité.

Comment ne pas songer également à l’atmosphère de la foire annuelle de la Saint-Gilles, l’une des plus fréquentée dans le Pays de Retz. Tandis que les animaux à vendre étaient installés sur la place du Marchix et le Môle, une vie frémissante de fête foraine prenait place sur la terrasse du château tout début septembre. Là, se mélangeaient paysans, marins, pêcheurs de moules, baigneurs, touristes, se poussant devant les roulottes des camelots, bonimenteurs, bohémiens, au milieu des saltimbanques, guérisseurs et pickpockets. Sur cette « promenade des dandys » se mêlaient à cette occasion des classes sociales bien différentes !

Depuis presque 20 ans, j’ai l’immense plaisir de faire découvrir le château, cet édifice emblématique lors de la promenade historique commentée de ses jardins. Et rien de plus privilégié que de partager, avec une poignée de visiteurs, une partie des intérieurs de ce logis lors d’une découverte, dans l’intimité, de certaines pièces. Quel délicieux moment en hiver quand la châtelaine a préparé un feu de bois dans la cheminée du salon ! L’odeur dégagée par la fumée nous donne tout de suite l’impression d’endosser le rôle des invités des propriétaires du château arrivant dans cette salle parée de tableaux de famille. Une expérience immersive à vivre absolument !